Le Kissing Case est une affaire judiciaire américaine débutant en octobre 1958 et concernant l’arrestation et la condamnation à une longue peine de deux garçons afro-américains à Monroe (Caroline du Nord). Les deux garçons James « Hanover » Thompson et David « Fuzzy » Simpson, tous les deux âgés d'au plus 10 ans au moment des faits, ont été accusés de viol après qu'une petite fille blanche prénommée Sissy (âgée de 6 ou 8 ans, selon les sources) les a embrassés sur la joue dans la cour de récréation de leur école alors qu'ils jouaient aux Indiens et au cow-boys[1],[2],[3],[4],[5],[6]. Ils sont arrêtés, battus et menacés par les enquêteurs, empêchés pendant plusieurs jours de voir leurs parents ou de rencontrer les avocats dépêchés par les associations pour les droits civiques[1]. Les procureurs demandent qu'ils soient placés en maison de correction jusqu'à leur 21 ans[7],[8] peine à laquelle ils sont effectivement condamnés dans un procès sans avocat ni débat contradictoire pour agression sexuelle et attentat à la pudeur[1].
L'affaire fait grand bruit aux États-Unis avec l'intervention de la NAACP locale, dirigée par Robert F. Williams, des manifestations dans les grandes villes et les protestations contre les accusations, le procès et la sentence, de Eleanor Roosevelt, du président Dwight D. Eisenhower et d'autres associations de défense des droits, notamment du Committee to Combat Racial Injustice (CCRI) de New York. Elle prend également une tournure internationale avec les protestations d'autres gouvernements et les critiques de la presse internationale. Finalement, Luther H. Hodges, gouverneur de Caroline du Nord, libère les deux garçons début 1959 après qu'ils ont passé trois mois incarcérés[9]. Ni lui, ni les autorités de Monroe n'ont jamais présenté d'excuses aux deux enfants ni à leurs familles.